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La biodiversité menacée en Méditerranée : anticiper pour mieux protéger

Cette étude met en évidence la forte exposition des Zones Clés pour la Biodiversité[1] [1]aux changements climatiques et d’usage des sols futurs dans la région Méditerranéenne, renforçant l’urgence de mettre en place des mesures de protection sur ces sites afin de prévenir ces changements, et plus particulièrement au Maghreb et au Proche-Orient où les Zones Clés pour la Biodiversité sont à la fois peu protégées et fortement exposées. Ces travaux ont été coordonnés par l’Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat et le Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation (CESCO – Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université). La revue scientifique Conservation Science and Practice publie aujourd’hui cette étude.

 

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Communiqué de presse

Arles, le 11 octobre 2022

Une équipe de scientifiques coordonnée par l’Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes de la Tour du Valat et le Centre d’Écologie et des Sciences de la Conservation (CESCO – Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS, Sorbonne Université) publie de nouveaux résultats sur les changements climatiques et d’usage des terres à venir qui menacent les « Zones Clés pour la Biodiversité »[1] [1]  à l’échelle du bassin méditerranéen. Ces résultats montrent que le réseau des Zones Clés pour la Biodiversité est à la fois trop peu protégé et fortement menacé par les activités humaines, et soulignent donc l’importance d’y mettre en place des mesures de protection fortes. Cette étude paraît dans la revue scientifique Conservation Science and Practice.

Un objectif de 30% de la surface du globe protégée d’ici 2030

Les activités humaines sont à l’origine du changement climatique et de la dégradation des milieux naturels qui conduisent à la 6ème grande crise planétaire d’extinction des espèces. La création d’aires protégées est l’un des leviers les plus efficaces pour réduire leur impact sur la biodiversité. L’objectif de 30 % de la surface terrestre et marine du globe protégée d’ici 2030, en cours de négociation par les Nations-Unies, représente ainsi une formidable opportunité pour mieux conserver la biodiversité. Cependant, la création d’aires protégées a souvent concerné en priorité des espaces peu accessibles aux humains et à faible intérêt économique, plutôt que les sites les plus importants pour la biodiversité tels que les Zones Clés pour la Biodiversité, des sites reconnus internationalement comme d’enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité. De plus, le choix de l’espace à protéger a jusqu’à présent peu tenu compte des impacts futurs des activités humaines et notamment des changements à venir en matière de climat et d’usage des terres (agriculture, urbanisation, etc.), du fait du manque de connaissances, de données et d’outils d’aide à la décision.

Vol de sarcelles marbrées © Thomas Galewski

Dans cette étude, les chercheurs ont évalué pour la première fois les futurs changements climatiques et d’usage des terres sur les Zones Clés pour la Biodiversité afin d’identifier les sites les plus menacés et, le cas échéant, à protéger en priorité. Ce travail de hiérarchisation des sites à enjeu a été réalisé à partir des projections climatiques et d’usage des terres pour la fin du XXIème siècle selon les scénarios du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) les plus récents. Les auteurs se sont concentrés sur la région méditerranéenne (29 pays), un point chaud mondial de biodiversité mais aussi une des régions les plus menacées par les pressions humaines.

Les zones à enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité fortement menacées d’ici la fin du siècle

L’équipe de recherche a mis en évidence que les Zones Clés pour la Biodiversité sont plus menacées par les changements à venir du climat et d’usage des terres que les sites à moindre enjeu pour la biodiversité en Méditerranée, et ce, quel que soit le scénario futur envisagé. D’autre part, les régions qui seront fortement impactées par le changement climatique ne sont généralement pas les mêmes que celles qui sont menacées par les changements futurs d’usage des terres, d’où l’intérêt de tenir compte de ces deux pressions lors de la planification de nouvelles aires protégées. Enfin, non seulement les Zones Clés pour la Biodiversité sont trop peu protégées en Méditerranée, mais en plus les sites les plus menacés sont situés dans les pays où leur protection fait le plus défaut. La Turquie abrite ainsi un grand nombre des sites à enjeu pour la biodiversité non protégés les plus menacés.

Carte des Zones Clés pour la Biodiversité non protégées du bassin méditerranéen avec l’indice d’exposition aux changements futurs climatiques et d’usage des terres selon le scénario climatique le plus pessimiste (SSP5-8.5).

L’urgence de créer de nouvelles aires protégées au sud et à l’est de la Méditerranée

Bécasseau variable (Calidris alpina), une des espèces suivies dans le cadre du dénombrement international des oiseaux d’eau pour laquelle de nombreuses zones humides d’importance internationale ne sont pas reconnues © Thomas Galewski

Ces résultats soulignent l’urgence d’étendre le réseau méditerranéen d’aires protégées en ciblant les Zones Clés pour la Biodiversité non protégées les plus menacées et ainsi mieux anticiper l’impact futur des activités humaines sur la biodiversité. Ces mesures de protection doivent concerner en priorité les pays du Maghreb et du Proche-Orient, dont les sites d’importance pour la biodiversité sont à la fois les plus menacés et les moins protégés, en s’assurant que les moyens humains et financiers nécessaires à l’application de cette protection soient mobilisés. Enfin, si cette étude renforce la nécessité de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, elle rappelle également l’importance de tenir compte et de limiter les autres pressions humaines telles que la perte et dégradation des milieux naturels, afin de limiter au maximum notre impact sur la biodiversité.

 

 

 

 

 

[1] [2] Les « Zones Clés pour la Biodiversité » (Key Biodiversity Areas en anglais) forment un réseau mondial de sites à fort enjeu pour la biodiversité créé par l’UICN

 

Référence : Verniest, F., Galewski, T., Julliard, R., Guelmami, A., & Le Viol, I. (2022). Coupling future climate and land-use projections reveals where to strengthen the protection of Mediterranean Key Biodiversity Areas. Conservation Science and Practice. https://doi.org/10.1111/csp2.12807 [3]

 

 

Contact presse : Coralie HERMELOUP : 04 90 97 28 70  [email protected] [4] / [email protected] [5]