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3 questions à … Constance AUDIFFREN, chargée de mission protection du milieu marin – éolien & industrie à l’OFB

Constance Audiffren, chargée de mission « Protection du milieu marin – éolien & industrie » à l’Office Français de la Biodiversité, Délégation Façade maritime Méditerranée, Direction interrégionale PACA-Corse, répond à nos questions sur l’implication de l’OFB dans le projet Migralion.

1) Quel est le rôle de l’OFB dans le projet Migralion (ainsi que par rapport aux projets d’éoliennes ?)

L’OFB assume la maîtrise d’ouvrage du marché Migralion et en co-finance une partie aux côtés de des ministères de la biodiversité et de l’énergie et des régions Sud et Occitanie. Au sein du programme Migralion, l’OFB occupe une position stratégique de coordination. Il se situe en position transversale pour assurer l’interface entre l’ensemble des membres du consortium scientifique et technique d’une part, et les services de l’État avec lesquels les collaborations sont nombreuses d’autre part. Cette fonction de pilotage permet à l’OFB de maintenir une vision globale articulant les dimensions scientifiques, techniques et institutionnelles du projet.

Concrètement, soutenue par le comité de pilotage Migralion, la délégation de façade Méditerranée prend en charge plusieurs missions opérationnelles : la relecture et validation des livrables, la réception et la bancarisation des données collectées, ainsi que l’ensemble du suivi administratif et financier du projet. Bien que cette dernière dimension soit assez fastidieuse, elle constitue un volet essentiel du pilotage et demeure indispensable au bon déroulement du programme.

Néanmoins, l’OFB ne participe pas aux décisions politiques comme la planification de l’éolien en mer. Son intervention se limite à un rôle consultatif auprès des services de l’État, notamment lors de nouveaux projets. Cette mission de conseil intervient spécifiquement lorsque les projets concernent des zones à enjeux environnementaux particuliers, telles que les sites Natura 2000 ou tout autre aire marine protégée. Dans tous les cas, l’expertise de l’OFB porte exclusivement sur les questions liées à la protection de la biodiversité.

2) Selon vous, en quoi le programme Migralion est innovant ?

Le caractère novateur du projet Migralion repose, selon moi, sur plusieurs dimensions :

Un effort d’acquisition de données notable, tant sur le plan temporel avec trois années continues de collecte, que spatial grâce à un plan d’échantillonnage conçu pour couvrir une grande partie du golfe du Lion, depuis la bande côtière jusqu’aux zones plus au large ;

Une diversité technologique combinant plusieurs approches : télémétrie, suivis acoustiques, campagnes en mer équipées de radars embarqués, radars côtiers… Les moyens techniques mis en place sont conséquents et c’est une force. Concernant la télémétrie, bien que la méthodologie soit déjà établie, le projet se distingue par l’équipement d’espèces qui n’avaient jamais fait l’objet de tels suivis auparavant telles que la glaréole à collier, le crabier chevelu, le pluvier guignard ou la bergeronnette printanière ;

L’innovation majeure réside dans l’objectif final : rassembler ces jeux de données aux caractéristiques très hétérogènes – qu’il s’agisse du type d’informations collectées, de leurs spécificités techniques ou des méthodologies d’acquisition – pour développer des modèles capables d’analyser cette grande diversité de données et d’en extraire des conclusions cohérentes. Cette approche constitue selon moi l’aspect qui vaut la palme de l’innovation au programme Migralion !

3) Quelles sont les leçons à tirer après ces 4 années du projet ? Quelle suite est envisagée ?

Le premier élément marquant reste l’organisation structurelle du projet, avec ce consortium scientifique dont la solidité et la diversité constituent une véritable richesse. La variété des partenaires impliqués – associations ornithologiques, Institut pour la transition énergétique, chercheurs académiques, bureaux d’études – génère une dynamique particulièrement fructueuse qui s’est ressentie tout au long de ces quatre années. De plus, la complémentarité de leurs expertises représente une réelle plus-value et une formule qui a fait ses preuves.

Les conclusions apportées par MIGRALON sont des informations inédites dont nous pouvons tirer une grande fierté ; jamais de tels moyens avaient été mis en œuvre à large échelle. MIGRALION a répondu aux questions scientifiques que l’on se posait : des axes migratoires préférentiels se dessinent et diffèrent selon la période qui précède ou qui succède la reproduction. Les oiseaux marins suivis dans le cadre de cette étude occupent une large zone du golfe en période d’hivernage. Les hauteurs de vols des oiseaux équipés indiquent que la moitié d’entre eux volent à des hauteurs comprises dans l’intervalle des pâles d’éoliennes. Tous ces éléments vont alimenter les décisions futures. Cependant, des questions subsistent et le bilan du programme souligne l’importance de poursuivre l’acquisition de connaissances, indispensable à une gestion éclairée. Nous avons par ailleurs fait remonter le message sur la nécessité de continuer dans cette démarche, afin de lever les lacunes subsistantes notamment sur les petits migrateurs comme les passereaux qui représentent une part très importante des flux migratoires enregistrés.


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