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Dossier : L'accord AEWA, un instrument de coopération internationale

 

 

 

 

 

 

L’AEWA (African-Eurasian Waterbird Agreement), un traité international pour le suivi et la protection des oiseaux d’eau migrateurs

L’AEWA [1]est un traité inter-gouvernemental visant la protection de 255 espèces d’oiseaux d’eau migrateurs et de leurs habitats en Afrique, en Europe, au Moyen-Orient, en Asie centrale, au Groenland et aux confins septentrionaux du Canada. Élaboré dans le cadre de la Convention sur les espèces migratrices (CMS [2]) et géré par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE [3]), l’AEWA réunit les pays et une grande partie de la communauté internationale de la conservation, afin d’établir un suivi et une gestion coordonnés des oiseaux d’eau migrateurs dans l’ensemble de leur aire de migration africaine et eurasiatique. Rentré en vigueur  en 1999, soit depuis plus de 13 ans, cet accord gagnerait pourtant à bénéficier de contributions supplémentaires de ses parties contractantes pour faciliter sa mise en œuvre, notamment sur le continent africain.

L’initiative africaine et son Unité de soutien technique (UST)

Le continent africain tout entier fait partie de la zone de l’accord. Pourtant, plus de la moitié de ses pays n’ont pas encore rejoint l’AEWA, tandis que les moyens manquent souvent pour parvenir à l’appliquer dans les pays membres. Il s’avère donc nécessaire de promouvoir la mise en œuvre de l’accord dans cette région à travers le cadre stratégique de son « Initiative africaine ». Les Parties de l’AEWA ont en effet reconnu cette nécessité lors de la 5ème rencontre des Parties contractantes (MOP5) en mai 2012 à La Rochelle (France) en adoptant une résolution qui renforce l’application de l’Initiative africaine, et la dote d’une Unité de soutien technique soutenue par la France.

Dans le cadre de cette résolution, la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) du Ministère français de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE) a formellement sollicité la Tour du Valat pour héberger et co-animer cette UST avec l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Ce nouveau programme co-développé par la Tour du Valat intègre notamment le volet nord-africain de son Programme d’appui aux Dénombrements internationaux des oiseaux d’eau (DIOE) et à la conservation des zones humides dans le bassin méditerranéen.

Les DIOE, animés au niveau mondial par Wetlands International [4], représentent en effet un outil simple et efficace pour la détermination de l’importance relative des zones humides pour les oiseaux d’eau. Ils contribuent à l’évaluation des tendances de ces populations et de l’état de conservation des zones humides, ainsi qu’à l’identification des priorités de conservation. Les espèces d’oiseaux concernées par ces dénombrements sont majoritairement migratrices ; aussi, une coordination régionale et internationale des DIOE est nécessaire, notamment concernant le renforcement des réseaux nationaux d’observateurs et le traitement et partage des données collectées. Les résultats des DIOE servent ainsi directement à l’application de l’AEWA.

En juillet 2013, un protocole d’accord entre la Direction de l’eau et de la biodiversité (DEB) du MEDDE et la Direction des Parcs Nationaux (DPN) du Ministère sénégalais de l’Environnement et de la Protection de la Nature a été signé. Il a abouti à la désignation  d’un coordinateur technique en Afrique au sein de l’UST, qui est donc désormais constituée de quatre partenaires techniques (DPN [5]DEB [6]ONCFS [7]et Tour du Valat [8]) issus de deux pays (Sénégal et France).

L’objectif principal de l’UST est d’aider les Parties africaines à mettre en œuvre le plan d’action pour l’Afrique de l’AEWA jusqu’à la 6ème rencontre des Parties contractantes (MOP6) en 2015,  notamment en :

Réunions sous-régionales et lancement du plan d’action pour l’Afrique

Pour 2013, le secrétariat de l’AEWA et l’UST ont convenu de mener trois réunions sous-régionales (Afrique du Nord, Afrique de l’Ouest et centrale, Afrique de l’Est et australe) afin de définir pour chaque sous-région les priorités d’actions, et d’élire un représentant sous-régional parmi les Points focaux nationaux de l’AEWA. Le rôle de ces Coordinateurs sous-régionaux sera d’intervenir à l’interface entre le Secrétariat de l’AEWA, l’Unité de Soutien Technique et les Points focaux nationaux.

La 1ère réunion, dédiée à l’Afrique du Nord, s’est tenue à El Kala (Algérie) en juin 2013. Elle a été organisée par la Direction Générale des For [9]êts [9] algérienne en partenariat avec le Parc national d’El Kala, l’UST et le Secrétariat de l’AEWA, et avec le soutien du MEDDE  [6]et de la Fondation MAVA [10]. Chaque pays nord-africain y a présenté ses priorités et une synthèse a été réalisée par objectif. L’objectif 3 du plan d’action de l’AEWA pour l’Afrique, axé sur le suivi des espèces, est ressorti comme prioritaire au niveau de cette sous-région, avec comme actions prioritaires pour y parvenir :

1) Le renforcement des capacités des réseaux nationaux (formation des formateurs et des observateurs, matériel d’observation, etc.) ;
2) Le renforcement de la coordination régionale pour la mise en place de bases de données, l’analyse et la publication des données ;
3) L’amélioration de la couverture des zones humides par des observateurs et le renforcement des suivis des oiseaux d’eau.

Le Dr Ammar Boumezbeur, Point focal national de l’AEWA en Algérie et membre du Comité permanent de l’AEWA, a été élu Point focal sous-régional pour l’Afrique du Nord.
 
La réunion pour l’Afrique de l’Est et australe s’est quant à elle tenue à Cape Town (Afrique du Sud) les 27 et 28 octobre 2013, en présence des représentants de 11 pays. Les groupes de travail constitués ont permis de désigner les mêmes objectifs comme prioritaires pour les deux régions, à savoir la mise en place de plans de gestion pour les sites-clés, ainsi que l’amélioration de la qualité et de la quantité des données concernant les populations d’oiseaux d’eau. Par ailleurs M. Barirega Akankwasah, point focal de l’AEWA pour l’Ouganda et vice-président et représentant régional au Comité permanent de l’AEWA, ainsi que M. Wisdom Dlamini, représentant le point focal de l’AEWA pour le Swaziland, y ont été élus respectivement Coordinateurs sous régionaux pour l’Afrique de l’Est et pour l’Afrique Australe.

Enfin la réunion pour l’Afrique de l’Ouest et centrale s’est déroulée à Dakar (Sénégal) du 11 au 15 décembre 2013, organisée par la Direction des Parcs Nationaux du Sénégal et par l’UST, avec le soutien du Ministère de l’Ecologie français et du secrétariat de l’AEWA.

Pour ce qui concerne l’Afrique de l’Ouest, c’est l’identification des sites-clés pour les oiseaux migrateurs, la mise en œuvre de programmes de sensibilisation à la conservation et l’amélioration de la qualité et de la quantité des données des Dénombrements des Oiseaux d’eau en Afrique (DOEA) qui ont été déterminés comme priorités d’actions pour la région, tandis que Mme Germaine Ouedraogo, Point focal de l’AEWA au Burkina Faso, a été désignée comme Coordinateur Sous régional des points focaux nationaux. En ce qui concerne l’Afrique centrale, les priorités d’action choisies sont l’amélioration de la qualité et de la quantité des DOEAf, la mise en place de plans de gestion sur les sites clés et la mise en œuvre et l’adoption d’une législation pour les espèces jugées comme prioritaires ; M. Bockandza-Paco, Point focal de l’AEWA au Congo, a été quant à lui désigné comme Coordinateur pour la région.

La détermination des priorités définies à l’occasion de ces trois réunions devrait permettre l’élaboration de projets à l’échelle régionale pour la mise en œuvre du Plan d’Action pour l’Afrique de l’AEWA. L’identification des bailleurs de fonds, et des autres programmes déjà existants au sein des régions, permettront l’élaboration de concepts de projets régionaux qui seront présentés aux bailleurs de fonds potentiels.

 

Contact de l’Unité de soutien technique (UST) : Clémence Deschamps [11]