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Contournement autoroutier d’Arles – Intégrité de la Camargue et de la Crau menacée

Une dynamique collective inédite de scientifiques, d’agriculteurs, de riziculteurs, de manadiers, de gardians, et de citoyens du Pays d’Arles et d’au-delà s’est mise en place. Ils se mobilisent pour dénoncer le projet de contournement autoroutier d’Arles et alerter sur les risques d’atteinte à l’intégrité de la Camargue et de la Crau, joyaux de biodiversité, terres d’élevages et de cultures de renommée internationale.

La Tour du Valat est co-signataire d’une tribune [1], accompagnée de son dossier de presse [2] avec les autres membres du collectif  fédérant :

Arles Camargue Environnement & Nature (ACEN) ; Tour du Valat ; Centre Français du Riz ; Comité Foin de Crau ; Agir pour la Crau ; Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône ; Syndicat des Riziculteurs de France et filière ; FDSEA13 ; Fédération des Manadiers ; Fédération Départementale Ovine 13 ; Jeunes Agriculteurs ; Association bovine des Bouches-du-Rhône ; Association des éleveurs français de Toros de Combat ; Association des éleveurs de Chevaux de race Camargue ; France nature Environnement 13 ; Nature et Citoyenneté Crau Camargue Alpilles (NACICCA) ; Collectif des Riverains : Quel avenir pour Pont de Crau ? ; IGP Agneau de Sisteron ; AOP Taureau de Camargue ; Livre généalogique de la Raço di Biou ; Marais du Vigueirat ; Antique Confrérie des Gardians de Saint-Georges ; Société Nationale de Protection de la Nature ; Université du Domaine du Possible.

 

Dès l’initiation du projet il y a plusieurs années, la Tour du Valat a, pris part activement aux diverses étapes de concertation. Au cours des deux dernières années, elle a contribué à la concertation continue autour du tracé Sud Vigueirat sur le volet « milieu naturel » et a fait connaître ses grandes réserves quant à la qualité de cette étude présentant diverses faiblesses, lacunes et incohérences.

Plus récemment, elle a activement contribué à la phase de concertation réglementaire qui s’achève.

La Tour du Valat a récemment adressé un courrier à la Dreal et aux élus locaux enrichi d’un dossier de positionnement [3]sur le contournement. Ses conclusions sont sans appel : « contrairement à ce qui est affirmé dans le dossier de concertation, les éléments en notre sa possession attestent que ce projet est incompatible avec les engagements de la France en matière de climat comme de biodiversité ou d’artificialisation des sols. »

Ce qu’il faut retenir de ce dossier :

Dans un contexte européen où la France a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect de la directive européenne sur la qualité de l’air et pour avoir dépassé de manière systématique et persistante depuis 2010 la valeur limite annuelle pour le dioxyde d’azote, émissions dues pour l’essentiel au trafic routier,

Dans un contexte national où :

Dans un contexte local où :

Ce projet de contournement autoroutier se doit d’être exemplaire en matière de respect des engagements de la France, en particulier au regard de la Stratégie Nationale Bas Carbone, de la mise en oeuvre de la séquence « Eviter, Réduire, Compenser » et de sa contribution à l’objectif de « zéro artificialisation nette ». Or, à part des affirmations non étayées, le dossier de concertation n’apporte aucun élément probant permettant d’imaginer une contribution positive du projet de contournement autoroutier à ces trois stratégies nationales. Au contraire, les éléments dont nous disposons vont tous dans le sens d’une piètre prise en compte de ces stratégies nationales et d’une incompatibilité avec leurs objectifs.

Face à cette situation, la seule option réaliste pour contribuer réellement à ces 3 stratégies nationales consiste à réduire fortement le trafic, en particulier le transit de transport de marchandises, via un report modal (ferré, fluvial et maritime) massif et rapide, et ne pas réaliser ce contournement autoroutier.

L’amélioration du bien-être des riverains de la RN113 et la reconnexion de la ville d’Arles avec ses quartiers sud sont cependant des priorités qui peuvent être réalisées via d’autres modalités que le contournement (réduction de la vitesse, couverture de la RN113 dans la traversée d’Arles à l’instar de sections du périphérique parisien…).

Nous notons d’ailleurs que les études de trafic montrent que le contournement autoroutier maintiendrait un très important flux de véhicules en traversée d’Arles (28 500 véhicules légers et 900 poids-lourds par jour en 2028), incompatible avec un réaménagement de cet axe en boulevard urbain permettant de répondre aux engagements d’amélioration du cadre de vie des habitants.

Si un barreau autoroutier devait malgré tout être réalisé, la variante sous-fluviale longue est la seule option à peu près compatible avec les objectifs « zéro artificialisation » et « zéro perte nette de biodiversité », mais elle engendrerait une augmentation du trafic routier ainsi qu’une forte production de GES lors du chantier, et irait donc à l’encontre des objectifs de la Stratégie Nationale Bas Carbone.