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Récupération en Mauritanie d’un émetteur GPS placé sur une spatule blanche en France

Pose d’une balise GPS sur un poussin de spatule en juin 2019 © G. Wasse / Tour du Valat

La Spatule blanche est une espèce qui a plusieurs stratégies migratoires selon les individus. Par exemple, la population de Camargue, située dans le sud de la France, emprunte deux routes migratoires : une route atlantique, avec des sites d’hivernage en Espagne, en Mauritanie ou au Sénégal, et une route au centre de la mer méditerranée avec des sites d’hivernage en Italie ou en Tunisie, tandis qu’environ 200 individus hivernent en Camargue.

La Tour du Valat et son partenaire Nioz aux Pays-Bas suivent les spatules pendant leur migration, en les marquant avec des émetteurs GPS/GSM afin de comprendre les facteurs qui façonnent les routes migratoires des jeunes spatules. Cela permettra de comprendre à quelle vitesse les oiseaux migrateurs peuvent ajuster leurs itinéraires de migration dans le contexte des changements globaux qui affectent les zones humides (plus d’informations ici [1]).

Dans le cadre de cette étude, une spatule de 4 semaines née en Camargue, nommé FBXX, a été équipée d’un GPS le 27 juillet 2020. Elle a quitté sa zone de reproduction le 29 septembre, a traversé l’Espagne en 5 jours et a poursuivi sa route le long des côtes du Maroc. Le 9 octobre, l’accéléromètre a indiqué que l’oiseau était probablement mort en Mauritanie, près de Nouadhibou. Nous avons alors demandé à Animal Tracker, une application gratuite de suivi des animaux équipés d’émetteurs, d’envoyer un message d’alerte pour aider à récupérer l’émetteur et identifier la cause de la mort.

Bassin d’huile usée © Wilson

L’alerte a été transmise par un consultant en environnement au spécialiste de la biodiversité d’une société minière en Mauritanie. Les employés de la société se sont rendus sur les lieux. Ils ont malheureusement découvert que l’oiseau avait été piégé dans un bassin d’huile usée.

Il s’agit d’un des très nombreux risques qui attendent les oiseaux migrateurs, particulièrement les jeunes non-expérimentés. On estime à 30% la survie la première année. Ensuite, à partir de la deuxième année, la survie est de l’ordre de 90% (pour plus d’informations [2]). Cette forte mortalité la première année est une caractéristique assez commune des oiseaux qui vivent longtemps comme la spatule blanche ou le flamant rose.

La bague et l’émetteur ont été récupérés par les gardes sur l’oiseau mort et renvoyés en Camargue, à 3200 km de Nouadhibou. L’émetteur pourra équiper un nouvel individu à la saison prochaine.

 

Contacts : Jocelyn Champagnon, chargé de recherche (e-mail [3])