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L’OFB, la Tour du Valat et leurs partenaires identifient un nouveau zonage potentiel pour une aire protégée africaine d’importance internationale

L’Office français de la biodiversité (OFB), la Tour du Valat, institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, et leurs partenaires publient aujourd’hui une modélisation originale de leurs données de dénombrements d’oiseaux migrateurs et de grands mammifères au Tchad. Cette modélisation permet de proposer aux décideurs locaux plusieurs options de zonages d’une potentielle nouvelle aire protégée maximisant le bénéfice en biodiversité et minimisant l’impact social.

Grues couronnées Balearica pavonina dans le site Ramsar des Plaines d’inondation des Bahr Aouk et Salamat au Tchad – Parc National de Zakouma. Cette espèce est aujourd’hui considérée comme menacée à l’échelle mondiale par l’UICN © Mondain-Monval – Defos du Rau – OFB.

La pression humaine sur les écosystèmes s’est fortement accrue au cours des dernières décennies et touche désormais même les régions les plus reculées, et ce sur tous les continents. Pour atténuer ses effets, il est essentiel de désigner des aires protégées dans les régions qui conservent un niveau encore élevé d’intégrité écologique. Cependant, pour de nombreuses régions telles que le Sahel, les données écologiques restent rares, ce qui rend difficile et arbitraire l’identification de nouvelles zones protégées.

Dans le cadre du projet RESSOURCE [1] financé par l’Union Européenne et le Fonds Français pour l’Environnement Mondial, et coordonné par la FAO, l’OFB et la Tour du Valat ont répondu, avec l’appui de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et de l’Université d’Aarhus, à la demande de la direction de la Faune et des Aires Protégées du Tchad (DFAP) et de l’ONG African Parks, de développer une approche méthodologique originale visant à identifier les zonages optimaux d’une future aire protégée autour du lac Iro dans le sud du Tchad. Ces zonages sont dits optimaux car ils doivent permettre de maximiser le bénéfice écologique de la nouvelle aire protégée tout en minimisant son éventuel impact négatif sur les différents usages locaux, telle que l’agriculture ou le pâturage.

Le triple défi méthodologique résidait dans la difficulté d’accès terrestre de la zone cible, l’absence quasi-complète de données standardisées et géoréférencées de biodiversité et la nécessité d’une approche méthodologique immédiatement adaptable à ce contexte compliqué. Quatre sessions de dénombrements aériens d’oiseaux et de mammifères ont été nécessaires et conjointement conduits par la DFAP, l’OFB, African Parks et la Tour du Valat pour cumuler suffisamment de données permettant de combiner successivement trois étapes de modélisation : les données de biodiversité ont permis de prédire une couche de distribution par espèce en mobilisant successivement les modèles dits de « distance sampling » puis de « density surface modelling » ; ces couches spécifiques ont ensuite été intégrées avec des couches de contraintes socio-économiques dans l’outil de planification systématique de la conservation « Marxan » spécialement développé pour l’optimisation de zonages d’aires protégées. Des échanges fréquents et réguliers entre modélisateurs de l’OFB et de la Tour du Valat et gestionnaires tchadiens ont été indispensables pour valider chaque étape et sélectionner sept des scénarios de zonages potentiels identifiés par Marxan, afin de les soumettre pour discussion aux acteurs locaux.

Dans un contexte de forte pénurie de données, d’accès fortement limité à la zone d’étude et d’objectifs de conservation à court terme, cette approche combinée optimise les données spécialement obtenues par avion via une suite d’outils de modélisation et peut faciliter l’identification et, à terme, la protection des zones à forte valeur patrimoniale dans les régions qui ont un besoin urgent d’une politique de conservation.

 

Cette méthode est présentée dans une publication récente co-dirigée par l’OFB et la Tour du Valat :

Ducros, D.Devillers, R.Messager, A.Suet, M.Wachoum, A. S.Deschamps, C.Breme, B. M.Petersen, I. K.Kayser, Y.Vincent-Martin, N.Djimasngar, M. N.Portier, B.Champagnon, J.Mondain-Monval, J.-Y., & Defos du Rau, P. (2023). Planning from scratch: A new modelling approach for designing protected areas in remote, data-poor regionsJournal of Applied Ecology00113https://doi.org/10.1111/1365-2664.14470 [2]

 


L’Office français de la biodiversité

Établissement public de l’État créé le 1er janvier 2020, l’Office français de la biodiversité est placé sous la tutelle des ministres de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Il a pour missions la surveillance, la préservation, la gestion et la restauration de la biodiversité terrestre, aquatique et marine, ainsi que la gestion équilibrée et durable de l’eau, dans l’Hexagone et en Outre-mer. Il est chargé de développer la connaissance scientifique et technique des espèces, des milieux et de leurs usages, de surveiller et de contrôler les atteintes à l’environnement, de gérer des espaces protégés, d’appuyer la mise en œuvre des politiques publiques, et de mobiliser l’ensemble de la société, acteurs socio-économiques comme citoyens. https://www.ofb.gouv.fr/ [3]  

 

La Tour du Valat

La Tour du Valat, Institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, créée il y a plus de 65 ans par Luc Hoffmann, a depuis développé son activité avec un souci constant : mieux comprendre les zones humides pour mieux les gérer. Convaincue que ces milieux menacés ne pourront être préservés que si activités humaines et protection du patrimoine naturel vont de pair, la Tour du Valat développe depuis de nombreuses années des programmes de recherche et de gestion intégrée qui favorisent les échanges entre usagers et scientifiques, mobilise une communauté d’acteurs et promeut les bénéfices des zones humides auprès des décideurs. www.tourduvalat.org [4]