Le Leste à grands stigmas (Lestes macrostigma) est une demoiselle classée « En danger » en France et « Vulnérable » en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Une nouvelle étude sur sa dynamique de population en Camargue [1] démontre que les plans de gestion des aires protégées sont déterminants pour sa conservation.

Une espèce dépendante de milieux rares
Le Leste à grands stigmas dépend d’habitats rares pour sa reproduction : les eaux temporaires saumâtres, caractérisées par l’alternance de phases d’inondation et d’assèchement au cours de l’année. Il est également connu pour les fortes fluctuations de ses effectifs d’une année à l’autre. Pour comprendre ces variations, la Tour du Valat a modélisé sa dynamique de population en Camargue, et étudié si, indépendamment des précipitations, la gestion mise en place dans les aires protégées avait un effet sur son occurrence et son abondance.
La gestion active de l’eau, un facteur clé pour le Leste à grands stigmas
L’étude s’appuie sur seize années de données, collectées à l’aide de protocoles standardisés ou dans le cadre de sciences participatives, comme Faune-PACA ou ObsNature Camargue.
La modélisation a d’abord mis en évidence l’influence des facteurs climatiques (pluies et évaporation) sur la probabilité de présence de L. macrostigma. Mais, au-delà de ces facteur, sa probabilité de présence restait plus élevée et régulière dans les aires protégées dont les plans de gestion l’identifient explicitement comme prioritaire. Comment l’expliquer ? En garantissant la présence d’eau à des moments clés, même en cas de conditions météorologiques défavorables, la gestion active de l’eau permet d’assurer la reproduction de l’espèce et donc la pérennité de ses cœurs de population.
Remerciements
Cette étude a notamment été rendue grâce à toutes les personnes qui ont bien voulu mettre à disposition les données odonatologiques et cartographiques utilisées pour cette étude, notamment : Stéphane Berthelot (CEN Occitanie), Silke Befeld (SNPN), Mathieu Bourgeois (LPO Occitanie), Jocelyn Champagnon (Tour du Valat), Damien Cohez (Tour du Valat), Amine Flitti (LPO PACA), Émilie Laurent (Tour du Valat), Bastien Louboutin (Opie Occitanie), Alexia Monsavoir (Opie), Michel Papazian (Opie Provence-Alpes du Sud), Christophe Pin (Amis des Marais du Vigueirat), Isabelle Quoniam (Grand Port Maritime de Marseille) et Yolan Richard (CEN PACA).
Un grand merci également aux naturalistes, trop nombreux pour les citer tous ici, qui s’intéressent aux odonates et alimentent les bases recueillant les données que nous avons utilisées : ce travail démontre toute la valeur des bases de données participatives pour la recherche et la conservation.

Cliquez ici pour consulter l’étude dans son intégralité. [1] |
| À propos du Plan national d’actions en faveur des libellules menacées 2020-2030
La DREAL PACA a confié à la Tour du Valat la coordination du Plan régional d’actions 2023-2032 en faveur des libellules menacées, déclinaison en PACA du Plan national d’actions (PNA) éponyme, qui est animé par l’Office pour les insectes et leur environnement et coordonné par la DREAL Hauts-de-France. Cette déclinaison (https://tourduvalat.org/wp-content/uploads/2024/12/DeclinaisonPACA-PNAlib-2023-32_csrpn.pdf [2]) propose 14 fiches actions distribuées en quatre thèmes : connaissances pour l’action ; gestion, protection et conservation ; réseaux et dynamiques d’échanges ; sensibilisation et formation. Ces fiches ont été élaborées de manière à constituer des « guides » de développement de projets. Plusieurs projets pourront servir une action et, réciproquement, un projet pourra servir plusieurs actions. Les fiches constituent également des arguments dans la recherche de financements pour la mise en œuvre des projets. Dans une approche biogéographique des actions, la Tour du Valat échange régulièrement avec la déclinaison Occitanie de ce PNA (animée par le CEN Occitanie et l’Opie, et coordonnée par la DREAL Occitanie), notamment dans le cadre du Groupe de travail dédié à la conservation de Lestes macrostigma. |